« Le folklore imaginaire n’est pas un fourre-tout nostalgique, c’est le plaisir thésaurisé de rencontres et de moments que l’on voudrait sans fin, échappant à l’érosion de la banalité, à la rentabilité annoncée ou à l’opportunisme culturel. Ces tranches de vie rêvées ont, de fait, vraiment eu lieu : une mélodie dans le désert au lever du jour, un chant arménien dans une banlieue lyonnaise, un solo de tambour sur un disque de l’Unesco, un orchestre de rue indien, un chant choral sud africain, la parole résonnante d’un ouvrier travaillant à 15 mètres sous le niveau de la mer, une photographie prise en roulant, un texte chanté avec un accent suave irrésistible, etc.
Ces rencontres partagées ou inavouées avec des sons et des musiciens dans des situations improbables, ou bien même au travers d’enregistrements qui se sont immiscés dans nos vies sensibles au point d’avoir été déterminants pour nos choix esthétiques ; ces rencontres avec des personnes dont la culture de classe, l’imaginaire, le vocabulaire même sont devenus de manière quasi fantasmée des déclencheurs créatifs pour le groupe ; ces rencontres avec des voix et des timbres universels parce que pas immédiatement localisables… nous ont invités à composer des réponses de gratitude musicale.
Les musiciens du Workshop de Lyon veulent répondre à tous ces amis éloignés qu’ils ont rencontrés lors de leurs tournées ou lors de leur vie intime de musiciens ; une lettre musicale écrite sur mesure, dans un langage et un vocabulaire en phase avec la source originale de l’échange, afin de conserver le sens de la rencontre unique et avec l’espoir déraisonnable qu’elle sera, un jour, reçue par ses destinataires ».