18 décembre 2020 : le Gouvernement gabonais s’engage à travers un communiqué de presse à l’issue de son dialogue politique intensifié avec l’Union Européenne à réparer les victimes de 2016 « si elles étaient avérées ». Alors que ces victimes ne sont même pas encore recensées, et que le processus de réparation n’est toujours pas annoncé, déjà, de nouvelles victimes tombent.
Ce sont désormais les victimes de la gestion scabreuse et sans cœur de la lutte contre la Covid-19. Où sont en effet passés les cinq cent milliards de Francs CFA reçus des partenaires internationaux ? Pourquoi les tests sont-ils toujours payants ? Où sont les masques gratuits? Pourquoi les hôpitaux n’ont pas été équipés en matériel de réanimation ?
Sous prétexte de protéger les populations : on les barricade, on les musèle, on les interdit de rassemblement, on les interdit de culte même à ciel ouvert, on les interdit de commerce et donc de survie. Sommés de sortir tous les enfants de leurs établissement scolaires à 15h et interdits de circuler au-delà de 18h, les citoyens étouffent pendant que les entreprises mortes ou à l’agonie licencient à tour de bras. Le quotidien déjà difficile des gabonais devient insurmontable. Faute de voies de désengorgement, rentrer chez soi devient un véritable chemin du calvaire, avec au ventre la peur des exactions des forces de défense et de sécurité devenues le quotidien des citoyens. Les scènes d’humiliation, de torture, de racket sont banalisées, généralisées et légitimées au nom de la lutte contre la COVID-19.
Au Gabon, comme partout ailleurs en Afrique, les petites entreprises et le secteur informel restent le principal pourvoyeur d’emplois et de revenus. Comment comprendre que le commerce de friperie soit interdit ? Comment interpréter l’exigence de présentation du test Covid dans les restaurants ? Un test valable une semaine maximum et dont le coût se situe entre 5.000 et 30.000 FCFA ! Comment s’en sortir lorsque la durée de travail est réduite par la nécessité de se conformer aux horaires du couvre-feu ? Que font le Maire central, le Ministre de la défense et le Ministre de la santé dans les marchés et les lieux de culte ? Est-ce là que la sécurité nationale est désormais menacée ? La restriction de l’espace civique serait-elle la réponse à la crise sanitaire et à l’insalubrité que la population subit?
Lassé d’être ainsi paupérisée et humiliée, le peuple grogne. Depuis le mercredi 17 février, chaque soir à 20h, les casseroles retentissent dans les quartiers de Libreville. Expression pacifique d’une population qui ne sait plus comment faire entendre sa souffrance et son désespoir.
Soirée du jeudi 18 février : les casseroles s’exportent dans les rues de Libreville. La réponse est immédiate, l’armée est lâchée. On parle de deux pertes en vie humaine et de nombreux blessés. Encore une fois, on pourra s’attendre à la loi de l’omerta.
Des mesures aussi excessives sont-elles réellement justifiées pour 80 morts en une année et dans un pays où la proportion des personnes âgées est insignifiante en comparaison à celle de la France dont s’inspire béatement l’Exécutif gabonais pour gérer cette crise sanitaire ?
Que retiendrons-nous de cette sombre page de notre histoire : le rallongement de la dette indigne pour financer un fantasme de dictature qui assurément se précise chaque jour?
Qui sera la prochaine victime « avérée » ou « non avérée »?
Pour la coalition internationale Tournons La Page
Marc ONA ESSANGUI
Président
Pour TLP-Gabon
Nathalie ZEMO-EFOUA
Coordinatrice TLP-Gabon
Libreville, le 19 février 2021