Le Burundi vient de tenir un triple scrutin (présidentielles, législatives et communales) en date du 20 mai 2020 et la proclamation des résultats provisoires par la CENI a eu lieu en date du 25 mai 2020. Force est de constater que ces élections se sont tenues dans un contexte de violence inouïe aggravé par le manque d’indépendance de la CENI, l’absence totale de la neutralité de l’Administration et une volonté à peine voilée du CNDD-FDD d’imposer son leadership sur un peuple qui a tant soif d’un pluralisme démocratique et d’un changement réel. A cet effet, le mouvement international Tournons la Page (TLP) déclare ce qui suit :
Félicite le peuple burundais qui reste mobilisé et attaché aux idéaux de démocratie et à l’état de droit malgré le contexte de répression et de négation des droits humains qui a caractérisé le régime de Pierre NKURUNZIZA notamment depuis 2015 et pendant le processus électoral de 2020.
Se réjouit de ces élections qui viennent d’être organisées sans la candidature du président sortant Pierre NKURUNZIZA, dont le troisième mandat illégal avait été source de discorde et de recul démocratique sans précédent. Son successeur saura à juste titre que le respect de la constitution et du nombre de mandats présidentiels n’est pas facultatif mais une obligation à respecter sans faille.
Regrette que l’élection ait été tenue à huis clos et condamne la coupure des réseaux sociaux qui est imputable au gouvernement. Un appel est également lancé aux responsables politiques et à la population à continuer à faire preuve de civisme et de responsabilité et à la communauté internationale et aux partenaires du Burundi de rester aux côtés du peuple burundais en cette période cruciale de la vie démocratique et politique du Burundi.
Condamne sans réserve tous les actes de violence y compris des emprisonnements arbitraires qui ont essentiellement visé les membres du parti CNL en général, les candidats et les mandataires de ce parti en particulier et qui font craindre avec raison que des fraudes massives ont été planifiées avant d’être exécutées par le régime du CNDD-FDD.
Condamne enfin le Gouvernement du Burundi pour sa légèreté coupable dans la prévention et la lutte contre la pandémie de coronavirus (covid-19). Ainsi, de nombreux Burundais continuent à périr sans aucun concours et l’opacité dans la gestion de cette crise sanitaire est une source d’inquiétudes pour la survie de la population burundaise qui se retrouve actuellement délaissée à son propre sort.
Condamne le manque d’indépendance de la CENI ainsi que les multiples irrégularités qui en entaché le scrutin y compris dans les résultats provisoires rendus publics le 25 mai 2020.
Appelle la Cour Constitutionnelle à dépasser le militantisme de certains de ses membres ainsi que les pressions prévisibles du régime en place pour traiter avec rigueur, objectivité et impartialité les différents recours qui lui ont été soumis et de ne pas tomber dans le piège de manipulation comme ce fut le cas en 2015.
Appelle le gouvernement burundais à libérer les centaines de membres du parti CNL arrêtés et détenus arbitrairement. Les autorités burundaises sont appelées à mettre un terme aux actes d’intimidation que subissent les opposants et les défenseurs des droits humains depuis 2015.